Mon rôle en tant que conseillère en création d’entreprise
Formée en finance à HEC Liège, j’ai rapidement mis le pied à l’étrier entrepreneurial en passant par l’incubateur VentureLab, CréaPME Liège et StartLAB.BRUSSELS, avant de revenir dans ma région natale pour travailler à l’UCM en tant que conseillère en création et développement d’entreprise.
Je suis là pour permettre aux (futurs) entrepreneurs de se poser les bonnes questions. La première porte souvent sur leur propre engagement : est-ce que je suis prêt(e), personnellement, à m’investir dans ce projet ? Derrière chaque entreprise, il y a une personne avec ses forces, ses talents, ses motivations.
Je les aide ensuite à confronter leur idée au terrain. Est-ce que leur produit ou service répond à un vrai besoin ? Est-ce qu’il y a une clientèle ? Est-ce qu’ils sont capables de le vendre ? Nous construisons ensemble leur business plan et leur plan financier. Je les encourage aussi à développer leur réseau, car entreprendre seul est difficile.
Mon objectif, les aider à devenir autonomes dans leurs décisions. Je ne leur dis pas quoi faire, je les outille pour qu’ils prennent eux-mêmes les bonnes décisions.
Que vous soyez demandeur d’emploi plein d’idées en tête ou une startup technologique en pleine levée de fonds, l’offre d’accompagnement en Wallonie est très complète ! Découvrez ici l’offre existante et la plus value d’un accompagnement.
Les qualités que j’estime indispensables dans ce métier
Je dois pouvoir confronter le porteur de projet à la réalité. Beaucoup me présentent une vision biaisée, idéalisée. Mon rôle, c’est d’élargir leur champ de vision, de poser les questions qu’ils évitent. Je suis garante du cadre et de la méthode.
En parallèle, l’empathie est essentielle. Les personnes que j’accompagne me présentent souvent un projet qu’elles ont mûri longtemps. C’est parfois un rêve. Je dois les écouter avec bienveillance, tout en gardant une posture professionnelle.
Enfin, être observatrice me permet de mieux les accompagner. Chaque projet est unique, dans un secteur différent, avec une réalité propre. Je dois rester curieuse, suivre l’évolution du marché, connaître les dynamiques locales. Cela me permet de proposer des conseils concrets, adaptés à leur contexte.
Les obstacles que je rencontre souvent chez les porteurs de projet
Le syndrome de l’imposteur revient très souvent. Les personnes doutent de leur légitimité. J’essaie de leur montrer qu’elles ont des compétences, des ressources, et qu’elles peuvent se faire confiance.
Il y a aussi la solitude. Créer son entreprise, c’est comme des montagnes russes. D’où l’importance de ne pas rester seul(e), de s’entourer. Je les encourage à développer leur réseau, à participer à des rencontres, à échanger.
Autre difficulté : « l’excès d’amour » pour son projet. Certains pensent uniquement à ce qu’ils aiment faire, sans se mettre à la place de leur client. Or, si le projet ne répond à aucun besoin, il ne fonctionnera pas. J’insiste toujours sur l’écoute client, sur l’adaptation à la réalité du terrain.
Je remarque aussi que beaucoup se concentrent uniquement sur les aspects qu’ils aiment (le produit, le visuel, l’offre), en oubliant d’autres éléments essentiels : la vente, la communication, la gestion.
Enfin, le manque de fonds propres peut bloquer l’accès au crédit. Je leur explique que même un petit apport personnel est un signal positif pour les banques.
Face à ces obstacles, je structure le projet avec eux. Je les pousse à prendre du recul, à aller à l’essentiel. Je joue parfois l’avocat du diable. Et je les mets en lien avec d’autres entrepreneurs ou professionnels pour enrichir leur réflexion.
Les outils que j’utilise pour structurer l’accompagnement
J’adapte toujours mes outils en fonction de la personne, de l’avancement du projet et de sa sensibilité. Mais certains supports reviennent souvent :
- Le Business Model Canvas, qui permet de poser les bases du modèle économique
- Les études de marché, indispensables pour comprendre son environnement
- Le business plan (plan d’affaires) et le plan financier, réalisés via un logiciel professionnel pour garantir un rendu clair et complet
- Le team canvas, utilisé quand le projet est porté par plusieurs personnes
- Des outils autour de la durabilité, comme la matrice de double matérialité, pour sensibiliser les entrepreneurs aux enjeux environnementaux et sociétaux
Mais l’outil le plus important selon moi, ce sont les questions que je pose. Des questions sur mesure, parfois déstabilisantes, qui font avancer. Avec l’expérience, on apprend à sentir ce qu’il faut creuser, ce qui manque. Mon rôle, c’est de vérifier que tout s’emboîte bien, que le projet est cohérent et viable.
Un exemple concret d’un projet accompagné qui a porté ses fruits ?
Jeanne Brichart est un bel exemple d’accompagnement réussi. Passionnée par son métier de boulangère et membre des Compagnons du Devoir, elle avait une vision claire de son projet : ouvrir une boulangerie artisanale à Amay, sa commune d’origine. C’est à présent chose faite avec la boulangerie Chez Jeanne.
Elle est venue me voir avec beaucoup d’éléments en tête, mais elle avait des difficultés à structurer ses idées. Ensemble, nous avons travaillé la partie qualitative de son business plan. Elle a ensuite pu réaliser un plan financier solide, obtenir un crédit bancaire, constituer sa société (une SRL), et même bénéficier de la prime Objectif Proximité.
Aujourd’hui, elle a ouvert sa boulangerie et engagé une première employée.