[Témoignage]

L'importance de l'Intelligence Artificielle pour les entreprises vue par Philippe Mack, fondateur de la société PEPITe

Le 1890 vous propose des témoignages et partages d’expériences d’entrepreneures et entrepreneurs wallon(ne)s. Une source d’inspiration, de motivation, de réflexion…

L’intelligence artificielle (I.A.) est au cœur des débats. Pourtant, cette technologie ne date pas d’hier. Ces derniers mois ont toutefois été marqués par l’accélération des connaissances et marquent un tournant important pour l’intelligence artificielle. Quel est l’état des lieux en Belgique ? Fondateur de la société Pepite et expert de la thématique, Philippe Mack analyse le sujet pour le 1890.

Lancée il y a 20 ans, l’entreprise PEPITe est née de la volonté d’augmenter la performance industrielle grâce au traitement des données via l’intelligence artificielle. Initialement lancée comme une spin-off de l’université de Liège, l’entreprise a bien évolué. Aujourd’hui, elle aide les entreprises à se saisir de l’intelligence artificielle pour améliorer leurs processus de production.

Son rôle ? « Aller chercher des « pépites » dans les bases de données de nos clients pour les aider à résoudre des problèmes devenus trop complexes pour le cerveau humain » nous explique Philippe. Parmi les clients de Pepite figurent de grands noms de l’industrie, mais aussi des PME. Parallèlement à cela, Philippe Mack se rend en entreprise et dans les écoles pour démystifier l’I.A.

1890 : Qu’est-ce que l’I.A. ?

P.M : L’intelligence artificielle est un programme informatique capable de reproduire des tâches relativement complexes habituellement réalisées par l’homme. Elle va fouiller les bases de données construites par l’humain pour y déceler des informations utiles à améliorer des processus, détecter des erreurs, donner des alertes ou encore réaliser en temps réel des diagnostics par rapport aux problèmes posés ou détectés. L’avantage principal de l’intelligence artificielle est son absence de subjectivité, sa capacité à réaliser très rapidement des tâches complexes et ce à grande échelle. L’I.A. dont on parle principalement aujourd’hui se base sur l’apprentissage automatique (machine learning). Ce type d’intelligence artificielle crée sa connaissance sur base d’exemples (les données). Plus ces exemples sont nombreux, plus l’I.A. sera performante.

 

1890 : Quels sont les métiers concernés par cette innovation ?

P.M : Les métiers les plus concernés sont ceux qui sont considérés comme « intellectuels » (les jardiniers, les cuisiniers ou encore les peintres ne sont pas encore vraiment concernés). Il s’agit d’ailleurs souvent de tâches « ingrates » et pas très valorisantes, réalisées par les personnes dites « en col blanc » (comptabilité, juridique, rédactionnel, etc.). L’I.A. est en train de révolutionner de nombreux aspects de notre société et les entreprises belges ne font pas exception. De plus en plus, nos entreprises se tournent vers l’IA pour gagner en efficacité, améliorer leurs processus et offrir de nouveaux produits et services. La Belgique, avec son écosystème technologique dynamique et ses nombreuses initiatives axées sur l’I.A., a la capacité de se positionner comme un acteur-clé dans le domaine de l’IA au niveau européen et même mondial.

 

1890 : En quoi l’intelligence artificielle est-elle importante pour les entreprises ?

P.M. : L’utilisation de l’I.A. offre aux entreprises belges de nombreux avantages compétitifs. Les algorithmes d’apprentissage automatique permettent aux entreprises de collecter et d’analyser des quantités massives de données, ce qui leur donne des informations précieuses pour prendre des décisions éclairées. Cela leur permet également de gagner en efficacité dans d’autres domaines : les entreprises peuvent utiliser l’I.A. pour automatiser des tâches répétitives, ce qui libère du temps et des ressources pour se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. De plus, l’I.A. ouvre de nouvelles possibilités en matière de personnalisation et d’expérience client, en permettant aux entreprises de mieux comprendre les besoins et les préférences individuels de leurs clients.

 

1890 : Quels sont les usages les plus courants et pratiques en entreprise ?

P.M. : Le domaine du textile est un bon exemple. Il s’agit d’un secteur où on a énormément de consommation d’eau (il y a beaucoup de gaspillage car il s’agit de procédés difficiles à gérer). Dans ce contexte, on peut par exemple appliquer l’I.A. pour fouiller dans les données afin de comprendre où part l’énergie et comment trouver des solutions pour réaliser des économies. Autre aspect qu’on voit dans l’industrie : le recyclage. L’I.A. va pouvoir vous guider en anticipant les problèmes.

 

1890 : Où en sont les entreprises belges par rapport à ces technologies ?

P.M. : On a des situations très diverses en Belgique mais en réalité l’I.A., c’est d’abord une question de transformation digitale et de gestion du changement. L’implication de la direction est primordiale. Il faut que les décisionnaires soient bien informés et convaincus de l’utilité de l’I.A. dans l’amélioration des processus techniques et organisationnels. La direction d’une entreprise a la responsabilité de donner l’impulsion et d’en faire une priorité. Sans cela, il devient difficile de motiver les équipes de terrain dans ce type de projet. Ensuite, il faut reconnaître que le spectre de maturité digitale de l’industrie est très large.

Adopter ce genre de technologie reste aujourd’hui l’apanage de pionniers dans l’industrie manufacturière. Les sociétés du « mid-market » et familiales sont souvent dotées d’une vision plus long terme qui favorise ce genre d’investissement. Malheureusement en Wallonie, beaucoup d’entreprises manufacturières restent encore fort hermétiques et sceptiques face à la digitalisation.

Pourtant, si l’industrie wallonne veut rester compétitive et continuer à attirer des jeunes talents, elle doit absolument évoluer et prendre un train dont la marche s’accélère de manière inéluctable.

 

1890 : Avez-vous des exemples d’entreprises qui se démarquent dans ce secteur ?

P.M. : Si on parle d’industries innovantes dans le digital pour l’industrie, iCare est souvent citée en référence mais ce n’est qu’une partie visible de l’iceberg. Il y a d’autres entreprises wallonnes qui fournissent des solutions digitales et qui se positionnent aussi à l’international (Widetech, Brainstorming, B12 Consulting, Sagacify, etc.).

Nous avons donc de vrais talents dans le domaine de l’I.A. et n’avons pas à rougir face aux sociétés chinoises, indiennes et américaines qui disposent certes de plus de moyens et ont déjà attiré les « stars » du domaine et capté de grosses parts de marché mais il reste de belles opportunités sur le développement d’applications niches de l’I.A.

La Belgique et les régions ont également mis en place un écosystème propice au développement de l’IA. Le pays compte de nombreuses startups spécialisées dans l’I.A. Les grandes entreprises belges ont également investi dans l’I.A, en créant leurs propres équipes de recherche ou en établissant des partenariats avec des startups et des universités. Il reste encore de nombreuses opportunités pour les entrepreneurs dans des domaines très variés, du médical à la finance.

 

1890 : Quelles aides conseillerez-vous aux entreprises qui souhaitent aller plus loin ?

P.M : Il existe des aides via les structures publiques, notamment via Wallonie Entreprendre. Les mécanismes et investisseurs publics sont d’une grande aide (même si cela pourrait être renforcé) mais celles-ci restent encore souvent méconnues des entreprises. Par ailleurs, des mécaniques de subsides mises en place par Digital Wallonia permettent d’aider les entreprises wallonnes à franchir le pas. Par exemple, les programmes StartIA et TremplinIA permettent d’aider à la réalistion d’un diagnostic et d’un projet pilote. Des initiatives telles que “Digital Belgium” et “AI4Belgium” ont été lancées pour promouvoir l’adoption de l’IA dans les entreprises et encourager la collaboration entre les acteurs du secteur public et privé. Des programmes de formation ont été mis en place pour développer les compétences en I.A. et préparer la main-d’œuvre belge à cette nouvelle réalité technologique.

 

1890 : Avez-vous des conseils pour les entreprises qui s’interrogent sur l’importance de l’I.A.?

P.M. : Il faut commencer par bien s’informer et ne pas vouloir aller trop vite. Ensuite, je recommanderais de faire un diagnostic avec l’aide d’un expert avant de se lancer. L’IA n’est pas toujours nécessaire ou le timing n’est peut-être pas idéal. Ce premier diagnostic permettra de faire un état des lieux et d’identifier les opportunités, les gains potentiels et les risques que l’IA représente pour l’entreprise. Cela permet ensuite de mettre en place un plan de déploiement qui débute habituellement par un pilote sur une des opportunités identifiées.

Digital Wallonia est une excellente porte d’entrée pour faire un premier autodiagnostic et trouver des premiers contacts.

 

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